
Depuis début novembre, le quartier de Grafton Street, l’artère commerçante de Dublin, se prépare pour les fêtes de fin d’année. Les boutiques se parent de rouge et de vert, Marks & Spencer a publié son Christmas Dinner, la bible des plats de Noël, Virgin Mary Bar a imaginé ses cocktails du Nouvel An. Malgré l’euphorie, les touristes et les décorations, sur le plan social, l’inquiétude grandit. La presse a fait ses gros titres sur la vague de licenciements annoncée dans la technologie, l’une des locomotives économiques de l’île. Comme dans la Silicon Valley, Meta, Twitter, PayPal vont couper du personnel, Apple va arrêter d’embaucher. “Le secteur fournit 140.000 emplois, soit 6% de l’emploi total, commente Dara Calleary, ministre de l’Entreprise et du Numérique, c’est beaucoup, mais notre économie s’est tournée vers les technologies du futur, qui continuent d’embaucher : la pharma, la vie sciences, biotechnologie. , Agritech, fintech…”
L’espoir du ministre était partagé par le directeur de l’Institut de recherche économique et sociale (ESRI), Alan Barrett, qui a pointé « une évolution remarquable par rapport à ses voisins. Malgré la récession régionale, les performances restent solides, des performances solides sur le marché. Pour la Commission européenne, l’Irlande sera même l’économie la plus forte de la zone euro l’année prochaine. Mieux, a conclu le ministre des Finances publiques, Michael McGrath : “nous avons prévu 6 milliards d’euros pour protéger la population d’un avenir difficile”. Déjà, chaque famille a reçu un chèque de 600 euros pour contrer l’augmentation du prix de l’électricité. Du côté des entreprises, les nouvelles sont rassurantes, selon l’IDA, l’agence de développement industriel. “Nos pipelines sont pleins”, confirme son directeur de la stratégie, Tommy Fanning, qui rappelle que depuis l’été Amazon a investi dans une société de logistique. , le laboratoire chinois WuXi une usine de vaccins et Huawei un hub cloud.
Différentiel fiscal
Pourquoi est-ce l’attrait d’une petite république de cinq millions d’âmes ? A la qualité de ses salariés, à sa culture pro-business, mais aussi à un avantage fiscal sur les sociétés très long (15% aujourd’hui), qui cause les GAFA et autres géants pharmaceutiques. Si cette exonération fiscale est en train de disparaître, Dublin s’est engagé à respecter la concurrence fiscale en 2024, le ministre McGrath apparaît sereinement : “Notre économie est résiliente.”
Preuve par le Brexit. Dublin ne voulait pas de lui, mais s’est préparé avec impatience pour lui et a finalement récolté les bénéfices. Désormais, le trafic de la gare de Rosslare a augmenté de 300 %. Ou bien de nouvelles lignes navales sont ouvertes, notamment Rosslare-Dunkerque, Dublin-Rotterdam-Zeebrugge ou Cork-Anvers. Même vainqueur, le cheddar irlandais se vend désormais mieux en Europe que son concurrent anglais selon le groupe agroalimentaire.
énergie de choc
Autre sortie de crise surprenante : celle du Covid. 2021 a été une année faste. « Nos exportations ont augmenté de 13,5 %, et de 31 % pour les produits chimiques, 40 % pour les produits pharmaceutiques », a promu le ministre Calleary. Même rendement pour les investissements étrangers. Rien que pour la biopharma, ils dépassent les 200 millions d’euros, l’américain Amgen dépensant 100 millions sur la chaîne de production, Pfizer 40 pour produire des vaccins et le français Biopharm 25 pour l’usine de fabrication de Dublin.
Malgré cette agilité, de nombreux dangers menacent l’Irlande. La première affaire, avec la crise du logement qui peut survenir en raison de la flambée des prix de l’immobilier, mais aussi le choc énergétique, dû aux perturbations internationales. Cependant, le pays ne dépend pas de la Russie pour son approvisionnement en gaz, mais de la Norvège et du Royaume-Uni, qui sont d’importants partenaires commerciaux. C’est pourquoi Dublin doit aussi se prémunir contre le risque politique, notamment le risque explosif des relations avec l’Irlande du Nord…
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Plus au sud, Cork rouvre le 22 novembre, après deux ans de distanciation sociale, son célèbre marché de Noël, Glow Cork. L’éclairage est somptueux. Mais “avec des ampoules LED qui consomment 75% d’énergie en moins”, explique la mairie, tout en pragmatisme so “irlandais”.